L' Abolition de l'esclavage, tome 1

Page 182

400

ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

En Europe, le territoire est occupé par une population considérable, quelquefois surabondante. Le premier travail de cette population est de cultiver le sol qui la nourrit. Quand les bras sont rares, quand les salaires augmentent sous l'influence d'une offre de travail considérable, ou bien la concurrence des travailleurs intervient pour les maintenir à un taux raisonnable, ou bien on se décide à réduire proportionnellement la production sans aller chercher au loin, à grands frais, des ouvriers étrangers. Aux colonies, d'immenses territoires sont occupés par une population insuffisante; on produit principalement des denrées d'exportation au lieu de denrées destinées à l'alimentation des habitants; il faut donc tout tirer du dehors, et par conséquent onne peut réduire la production sans être exposé à la famine. En outre, si la rareté des bras augmente le prix du travail, on n'a pas sous la main une population voisine pour le faire baisser, et il s'en suit que plus le prix du travail augmente, plus la quantité du travail diminue; si le prix du produit est protégé par un monopole, on ne craint pas de payer très-cher, mais on vend très-cher, et la consommation souffre ou s'arrête; si le monopole est détruit, on ne peut faire baisser le prix du travail, on produit à perte, on se ruine. Mais c'est bien pis quand le travail manque tout à fait. Or les colonies vivent toujours sous celte menace. Comment fixer l'ouvrier sur un point? Par le salaire? Il peut se suffire en travaillant pour lui-même sur une terre et sous un ciel qui tra vaillent aussi pour lui. Par la propriété? Le morcellement ne convient pas à la grande production ; or le sucre notamment, vraie richesse des colonies, ne peut être produit


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.