L' Abolition de l'esclavage, tome 1

Page 123

COLONIES FRANÇAISES.

341

nérales, nées de l'état actuel des classes laborieuses, plus capricieuses, plus mobiles, plus éclairées, plus difficiles qu'autrefois; depuis l'émancipation, fait bien remarquable, le salaire de l'ouvrier n'a pas sensiblement haussé de prix, mais on peut évidemment moins compter sur son travail. Elles ont à lutter en outre contre les difficultés spéciales de leur situation dans le monde, une populalion trop faible pour l'étendue du territoire, un territoire qui produit avec une incomparable fertilité des denrées précieuses, mais produites également et de plus en plus dans des pays cent fois plus grands, cent fois plus peuplés, et dont la principale, le sucre, est devenue sur le sol môme de la métropole l'objet d'une industrie énergique. En deux mots, les colonies ont trop peu debras,tropde concurrents. C'était leur malheur il y a quarante ans; il est le même : l'émancipation n'y est pour rien. Mais, grace à elle, ces petites sociétés se présentent à la lutte, plus honnêtes, plus fortes, plus actives, dégagées du souci d'une crise toujours menaçante qui pesait à la fois sur les situations et sur les consciences. Elles peuvent affronter, et elles sollicitent,' au lieu d'un marché unique, le libre placement de leurs produits sur tous les points du monde. Cet affranchissement commercial n'est pas la rupture du lien qui rattache les colonies à la métropole même commercialement. Les habitudes, les relations faites, les voies du crédit et de transport survivent aux tarifs et aux règlements. Politiquement, est-il à craindre que nos colonies songent jamais à se séparer de la France? Crainte chimérique! Quand on n'est pas Français, on voudrait I.

22*


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.