L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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dolent. Mais, ayant à choisir entre les travaux des champs, si pénibles pour lui, si justement odieux, et les travaux de la ville, offrant avec un meilleur salaire l'attrait de la nouveauté; avant à choisir entre les travaux sur le bien d'autrui et la prise de possession facile d'une portion des terres incultes que présentent presque toutes les colonies, avec la joie d'y être chez lui et d'y vivre pour lui; comment le nègre n'eût-il pas fui la terre, dont le seul aspect remplissait sa mémoire de toutes les terreurs de l'esclavage? L'abandon des habitations dans toutes les colonies d'un territoire étendu, l'émigration d'unecolonie à l'autre à la recherche d'un salaire plus élevé, voilà les deux périls que la commission proposait de conjurer en suspendant l'émancipation pendant cinq années, et en imposant aux affranchis, pendant la même durée, l'obligation de prendre par écrit un engagement, leur laissant d'ailleurs le libre choix du maître, de la profession, des conditions; l'affranchi qui ne trouvait pas d'engagement devait être employé dans les ateliers du domaine, celui qui n'en voulait pas prendre était menacé du travail forcé dans un atelier de discipline. Ces dispositions, empruntées au code rural d'Haïti, étaient une transition prudente et que la commission jugeait suffisante pour maintenir le travail, S

ans craindre une élévation exagérée des salaires, dont elle

donnait au gouvernement le droit de fixer, en conseil Privé, le minimum et le maximum, et peut-être sans recourir à l'expédient coûteux el compliqué de l'immigration.

Pour appliquer une sanction aux mesures proposées, il avait paru indispensable de préparer une loi nouvelle


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