L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES

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luis et de l'Etat, permettaient d'admettre une indemnité qui participait de l'amende et de la subvention. Sur quelles bases la fixer? non sur l'élévation arbitragedes dommages indirects qu'entraînera la mesure, mais sur la valeur moyenne des esclaves, pendant dix années, valeur à peu près semblable dans nos diverses colonies et estimée largement à 1,200 francs par tête 1, ce qui exigeait, pour 250,000 esclaves,

une somme totale de

300,000,000 de franes(trois cents millions). Comment la payer? On avait un peu subtilement calculé qu'en payant immédiatement moitié aux colons, l'État devenait aussitôt copropriétaire pour moitié des esclaves, el avait droit par conséquent à moitié du travail de ces esclaves pendant les dix années qui devaient précéder l'émancipation; on en concluait qu'en abandonnant cette moitié aux colons, il leur payait en nature une valeur égale à la moitié de l'indemnité, et se libérait ainsi d'autant. 11 suffisait donc d'inscrire au grand-livre la rente d'un capital de 150 millions, soit, à 4 pour 100, G millions, et on devait, jusqu'en 1853 % en placer les intérêts en dépôt jusqu'au moment de la liberté., par précaution dans l'intérêt des créanciers, dont les droits n'étaient pas liquidés; des esclaves, dont le sort eût été fort triste, si les maîtres, déjà désintéressés, n'avaient plus trouvé leur 1

Dans les colonies anglaises, on avait évalué à 1,400 francs; mais eu dé-

falquant les enfants au-dessons de six ans, que l'on déclarait libres sans indemmité. Cette différence ramène à peu près au même chiffre les deux estimations. 2 M. de liroglie calculait que la réserve sur l'amortissement, engagée jus qu en 1853, pour les déficits antérieurs et pour les travaux publics, permettrait de rembourser en deux ans le capital de l'indemnité.


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