L' Abolition de l'esclavage, tome 1

Page 90

48

ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

et le rachat, les conseils coloniaux répondirent que la métropole n'avait pas le droit de s'occuper de ces questions. A la communication du projet de M. Passy, tous les conseils répondirent en demandant le rejet du projet, et même celui des conclusions si-modestes de la commission. Au dernier appel fait par le gouvernement, en 1840, il fut répondu : — Par le conseil de la Martinique (2 mars 1841), que l'intervention de la métropole était illégale, et qu'on protestait contre une émancipation quelconque à quelque époque que ce fût ; — Par le conseil de la Guadeloupe, que l'esclavage était un bienfait, et que les affranchissements volontaires et la fusion des races résoudraient peu à peu la question ; — Par le

conseil de Bourbon, que l'esclavage est

l'instrument providentiel et permanent de la civilisation; qu'il serait absurde et odieux de priver le noir d'un tel bienfait; que ce serait, en outre, fouler aux pieds les droits des colonies ; — Par le conseil de la Guyane, que l'œuvre ne pou vait résulter que du temps et de la patience, qu'il fallait ajourner indéfiniment toute mesure législative. Veut-on juger de ce bienfait que le temps et la patience devaient peu à peu transformer? Où en était-on après deuxsiècles d'une patience assurément sans égale? Est-ce que la fusion des races s'opérait? Est-ce que la civilisation avançait?


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.