L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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destinaient à devenir les patrons des esclaves. Ordonn. du G novembre 1859.) On avançait lentement, mais constamment. Que faisaient pendant ce temps les colonies? On aurait pu supposer que, prévenues par les progrès du mouvement d'opinion suscité en France contre l'esclavage, averties surtout par l'exemple des colonies anglaises, interrogée par les sollicitations du gouvernement, nos possessions coloniales se préparaient peu à peu à l'émancipation. I n'en était rien, elles ne se préparaient qu'à la résistance. A en croire une théorie intéressée, la servitude est le noviciat de la liberté, mais c'est un noviciat qui ne finit jamais, et dont, le résultat certain est au contraire d'arriver à faire perdre à l'esclave l'espoir et au maître la notion même de la liberté. Lorsque le gouvernement intervint, il trouva les esprits fermés à toutes lumières, les intérêts coalisés contre la moindre concession. L'ordonnance du 4 août 1855, qui prescrivait le recensement général des esclaves, fut considérée comme un moyen d'établir un état civil pour les noirs à la Martinique: la Cour royale, par trente-huit arrêts, refusa de prononcer les peines portées contre les délinquants, et ces trente-huit arrêts, cassés par la Cour de cassation, lurent renvoyés devant la cour de la Guadeloupe, qui acquitta de nouveau tous les prévenus 1. Consultés en 1855 sur les moyens de faciliter le pécule 1 Procès-verbaux de la commission de la Chambre des députés, 1838, pour l'examen de la proposition de M. Passy. Je dois à M. le duc de Broglie la

communication de ces procès-verbaux.


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