L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISE.

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tion des esclaves, mais on n'y toucha pas. Ils restèrent en dehors de toutes les lois qui précèdent. L'ancienne monarchie n'avait pas aboli l'esclavage ; la Révolution l'avait aboli, mais à la date funèbre de 1794, quelques jours avant celui où le président Molé de Champlâtreux et les premiers magistrats des parlements de Paris et de Toulouse montaient à l'échafaud. 11 avait été rétabli en même temps que l'ordre public. Les événements de SaintDomingue, même après que le roi eut envoyé le baron de Mackau reconnaître la présidence du général Royer, et l'indépendance de l'île (17 juillet 1825) avaient laissé dans les esprits beaucoup de pitié pour les colons, dont on liquidait laborieusement l'indemnité, beaucoup d'animosité contre les noirs. Les colonies avaient tant souffert, qu'on redoutait pour leurs progrès l'annonce même d'un nouvel ébranlement . La Restauration avait tant à payer, qu'on craignait pour ses finances la demande d'une nouvelle indemnité. Enfin, le congrès de 1815, grace à l'initiative de lord Castlereagh et aux sollicitations du Souverain Pontife, malgré la résistance de l'Espagne, avait aboli la traite. Or on supposait à torique, ne pouvant plus se recruter par la traite, l'esclavage allait mourir. Ces craintes, ces souvenirs, ces raisons, ces illusions, se réunissaient pour ajourner de nouveau la liberté de tant de pauvres gens qui, soulevés ou soumis, montraient depuis vingt ans, sous tous les régimes, la facilité de leur race à se laisser conduire. En résumé, sous la Restauration, les colonies reçurent du pouvoir deux biens précieux, l'ordre et le repos.


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