L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

régir les colonies par de simples règlements, droit que cette Assemblée avait donné au roi pour tout le régime intérieur, réservant au pouvoir législatif le régime commercial. La Convention avait exercé aux colonies, comme partout, le pouvoir absolu. La Constitution de l'an III avait assimilé complètement les colonies au territoire français et soumis leur existence aux mêmes lois que celles de la République. Plus sage, la Constitution de l'an VIII déclarait que les colonies seraient régies par des lois spéciales, mais des lois, et non des règlements. L'exemple de. l'Angleterre n'était

pas plus juste,

Sans doute ce grand pays ne pensait pas à détruire l'esclavage, mais M. Pitt soutenait les persévérantes propositions de Wilberforce pour l'abolition de la traite, et Regnaud de Saint-Jean-d'Angély avait tort de dire que l'ajournement voté jusqu'en 1800 était un renvoi dont la postérité seule était destinée à connaître le terme ; car ce terme, on le vit et on pouvait le prévoir, n'était pas éloigné. La vérité, c'est que, entre les colonies qui nous étaient restées et celles qui nous étaient rendues, les unes avaient conservé l'esclavage, les autres l'avaient aboli ; le choix était difficile. Accepter les chances d'une abolition complète, c'était peut-être aventurer le retour de l'activité commerciale, après laquelle on aspirait si ardemment; c'était se charger d'une question

lointaine, pénible,

complexe, dont la pensée seule était faite pour lasser l'impatience du bouillant génie qui avait épousé une créole, qui méprisait les idéologues, s'irritait des petites difficultés, et n'aimait point à se laisser distraire du con-


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