L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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On sait que la Martinique resta huit années sous la demination anglaise, jusqu'à la paix d'Amiens, en 1802; le décret d'abolition de l'esclavage n'y fut pas même introduit. L'île Rourbon et l'île de France, au contraire, ne tombèrent entre les mains des Anglais qu'en 1810.. L'Assemblée coloniale de Rourbon avait, dès le 8 août 1794, pour diminuer les chances de trouble, défendu l'introduction des noirs de traite. Le décret de la Convention fut connu à la même époque, mais il ne fut même pas publié, et, en 1796, le pouvoir exécutif de la République française ayant envoyé deux agents, les citoyens Racot et Burnel, pour publier le décret d'abolition, la population tout entière s'opposa à leur débarquement : ils ne furent pas mieux reçus à Port-Louis qu'à Saint-Denis; ils durent renoncer à leur mission, et, pendant six ans, jusqu'à l'arrivée du général Decaen, au nom des consuls (1803), les deux îles, avec des alternatives de calme et d'agitation, de prospérité et de souffrance, se gouvernèrent elles-mêmes, sans cesser d'être fidèles à la France 1, sans que les blancs aient eu à subir aucune violence de la part des esclaves noirs, que l'on organisa en compagnies destinées au maintien de l'ordre 2. Or, pour ne parler que de Bourbon, il n'y avait que seize mille blancs en face de quarante-quatre mille huit cent sept noirs. La Guyane fut plus malheureuse. Aucun essai de co1

En 1810, un parti proposa de proclamer l'indépendance et de réclamer

la protection des Anglais. Ce projet fut vigoureusement cl victorieusement combattu par un jeune officier qui devait un jour être en France président du conseil des ministres, M. Joseph de Villèle. - Revue coloniale, 1844, t. IV", p. 5.24 : Notice, par M. Voïart; 1846, t. VIII,p. 20 : Notice, par M. l'ajot; 1858, t. SX, p. 17 : Notice, par M. Roy. I.

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