L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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longue et lamentable histoire, et ne racontons que le dénoùment qui la termine et les conséquences qui lui survivent. Les premières lois en Europe qui aient frappé l'esclavage partirent de la France, cl les furent en France l'oeuvre de la Révolutionl, œuvre qui porte la marque de la plupart des actions de cette époque, oeuvre trop différée d'abord, trop précipitée ensuite, arrêt de la justice exécuté par la violence. L'Assemblée constituante n'osa rien, l'Assemblée législative ne put rien, la Convention risqua tout2; la timidité de la première assemblée fut aussi désastreuse que l'ardeur de la troisième. Les colonies reçoivent de la métropole leurs destinées toutes faites; trop d'indécision ou trop de violence s'y traduisent par d'égales calamités. Devant l'esclavage, l'Assemblée constituante, si abondante pourtant en grandes âmes passionnées pour la justice, ne sut que reculer comme devant un abîme. Elle craignit de toucher à ces sociétés lointaines et singulières, dont on ne parlait qu'avec effroi. A entendre Malouet, Maury, Barnave, la liberté, c'était une guerre civile avec la peau pour cocarde; c'était, par la défaite de la race blanche, la rupture du lien qui unissait les colonies à la 1

Avant les lois, de nobles exemples avaient été donnés. En 1785, le gé-

néral Lafayette avait envoyé à Cayenne un M. de Richepray, pour acheter une terre et la répartir entre les noirs; il s'était entendu pour cela avec les missionnaires du Saint-Esprit. Une lettre du maréchal de Castries en date du 6 juin 1785, prouvait que le roi Louis XVI avait donné Tordre de faire des <'ssais semblables. 2 Voyez l'excellent travail publié dans la Revue coloniale, 1850, t. IV, série IIe, p. 1 49, sous ee titre : Les Colonies et les Assemblées de la Révo-

lution (1789-1802), par M. Maurel-Dnpeyré.


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