L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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L'extermination des indigènes, c'est presque en tous lieux la première page de l'occupation des colonies. L'exploitation rapace du sol par les occupants, par les Compagnies, par les gouverneurs, est en général la seconde pageHeureuses ces possessions lointaines, lorsque la métropole ne les exploite pas à son tour comme un égoïste propriétaire de fermes éloignées, qu i en tire tout ce qu'il peut, se plaint de ce qu'elles coûtent, et s'y fait représenter par un régisseur sans entrailles; heureuses lorsqu'elles reçoivent un véritable administrateur, tels que furent aux Antilles M. de Poincy, à Bourbon M. de la Bourdonnaye, M. Poivre,

M. Desbassayns de Richemont,

Guyane M. de la Barre ou M. Malouet,

à la

et des habitants

humains et intelligents! Mais la plupart de ceux-ci ne sont venus de si loin que pour faire fortune à tout prix. Aussi voit-on les colonies, à côté de familles intelligentes et respectables, servir de nids à des corsaires enrichis par la rapine, ou abriter des prisons sans murailles, manufactures odieuses produisant pendant des siècles du tabac, du coton, du sucre, et consommant des esclaves. Comme l'Angleterre, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, comme toutes les nations, presque aussitôt qu'elle t ut des colonies, la France eut des esclaves. Elle les recruta, comme toutes les nations, par l'infâme pratique de la traite. Ce trafic fut non-seulement toléré, mais encouragé, favorisé, consacré par des traités. Le 27 août 1701, le roi très-chrétien reçoit du roi très-catholique le monopole de la traite pour dix ans, et les deux rois prennent

dans

l'affaire

un

intérêt personnel

d'un


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