L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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INTRODUCTION.

XXVI

Assurément; l'émancipation fut l'occasion de pertes et de malheurs regrettables. « Le châtiment des fautes, a dit M. Thiers, serait en vérité trop léger s'il suffisait de n'y pas persister pour en abolir les conséquences l. » Ces conséquences fâcheuses ne sont pas toutes finies. Nous sommes, en vérité, bien pressés ! Nous demandons à vingt ans de liberté de réparer les suites de deux cents ans d'esclavage ; nous ne supportons pas la pensée de travailler sans espérance"de contempler le résultat de nos efforts. Cependant, déjà notre impatience a de quoi se satisfaire; après dix ans, pour les colonies de la France ou de l'Angleterre, les frayeurs ont été dissipées. Il semble que chaque colonie ait reçu mission de représenter une expérience à part. On verra, dans l'enquête dont ce livre est l'ébauche, le succès de l'émancipation dépendre, à Antigoa, de l'éducation religieuse ; à la Barbade, de l'abondance de la population; à la Martinique, de l'intelligente activité des colons; à Saint-Thomas, de la liberté commerciale; à la Réunion, des précautions prises dès le début pour maintenir le travail ; à la Guyane anglaise, des progrès de la petite propriété ; à Maurice, de la facilité de se procurer des bras. On verra, au contraire, de longues souffrances causées, à la Guadeloupe, par les troubles politiques; à la Jamaïque, par le mauvais 1

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Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. XVII, liv. LI,

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