L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

eau vive, les barrages n'empêchent pas le fleuve de cou1er, dût-il se creuser un nouveau lit. Or le sucre c'était l'eau dormante, le sucre indigène était l'eau vive. Par une protection exagérée on a tué les colonies, qui ont tout sacrifié à la culture de la canne à sucre, on a tué en même temps la carme à sucre en lui créant un rival inattendu. Par des remaniements continuels on a gêné grandement, mais inutilement, ce rival, Ni le trésor, ni le pays, ni les colonies, ni l'industrie, n'ont trouvé leur compte à ces tàtonnemeuts. « Dans ce long tableau, a dit excellemment M. Benoist d'Azy 1, dans ce long tableau des variations successives ou plus tôt alternatives des opinions et des décisions, on doit voir avec un profond regret combien ces oscillations continuelles ont dû être pénibles pour toutes les industries qui se rattachent à ces grandes questions, et il y a lieu de s'étonner que le mal ne soit pas plus grand encore. Qui a pu être assez hardi pour immobiliser des capitaux dans des colonies lointaines, pour changer tous les procédés de

fabrication, construire

navires, appliquer son intelligence au grand commerce, à la grande navigation, y destiner sa fortune et ses etfants, ou tenter même avec assez de suite, sur le sol national, de grandes et dispendieuses entreprises dans les quelles se réunissent l'agriculture et l'industrie, en présence de cette espèce de fièvre intermittente qui remis chaque année en question l'existence de ceux qui pouvaient se livrer à des opérations de ce genre? Nous * Rapport du 16 juillet 1844.


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