L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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dans les colonies de la Martinique et de la Guadeloupe, suit 140 ou 150 millions pour une valeur de 500 millions, tandis que la dette hypothécaire de la France n'excédait pas 25 pour 100 de son capital foncier. On assurait que les frais de justice civile à la Martinique atteignaient 1,700,000 fr. par an, à peu près le chiffre du crédit inscrit au budget pour la colonie. L'absence du crédit et la rareté du numéraire avaient élevé le taux de l'intérêt, dans les colonies, à 12, 16, 24, 50 pour 100. Un Je leurs défenseurs repoussait l'application de la loi d'expropriation, par crainte de ce qu'il appelait une mise universelle à l' encan, et de fait, cette loi, ajournée, excepté à Bourbon, au moment de la promulgation du Code civil (1805), étudiée en 1822, 1859, proposée en 1840, puis retirée, présentée en.1842, discutée, votée par ta Chambre des pairs, rapportée devant la Chambre des députés, ajournée de nouveau, puis reproduite en 1847, ne

devait pas précéder l'abolition de l'esclavage. Les colons devaient perdre à la fois ce qu'un abolitioniste ardent 1 appelait le privilége de posséder des hommes et

de ne pas payer leurs dettes. Une autorité plus grave, M. l'amiral Roussin, avait, en 1842, résumé la situation Par ces mots énergiques : « A la Martinique, à la Guadeloupe, à la Guyane, on peut dire avec certitude que, sauf de très-rares exceptions, la

propriété privée n'existe pas et n'est qu'un mot vide de sens. Là, ceux qui possèdent n'ont pas plus de crédit que ceux qui n'ont rien, tant l'opinion est générale que 1 M. Gatine, procès-verbaux de la Commission de 1848. Il y avail un mot consacré, le blanchissage, pour se liquider sans expropriation.


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