L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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sèment? Oui, si Ton s'endette. Comment s'en assurer? Au taux de l'intérêt. Or il est notoire que le taux de l'intérêt est aujourd'hui beaucoup plus bas qu'avant l'émancipation. Encore une fois, ce qu'on importe on le paye, et pour payer il faut avoir, pour avoir il faut produire ou avoir produit. Est-ce qu'il y aurait dans les colonies des capitaux dans d'autres mains que celles des exportateurs? est-ce que les importations seraient en partie destinées à d'autres qu'eux, et les matières exportables employées en partie à autre chose que l'exportation? Il en est ainsi en effet. Si la grande culture a souffert, la petite culture a augmenté. Si les ateliers des champs ont été désertés, les industries des villes ont été recrutées; la classe qui faisait de gros profits a diminué, la classe qui n'e taisait aucun en a fait de petits, l'importation a marché plus vite que l'exportation, parce que la consommation a augmenté, parce que le bien-être des anciens esclaves a augmenté. Ces explications me semblent démontrer suffisamment que l'excès des importations sur les exportations n'est pas une preuve de misère, mais plutôt une preuve de l'augmentation de la consommation locale, et par suite du bien-être. Mais quoiqu'il en soit d'arguments fondés, j'en conviens, à défaut de renseignements suffisants, sur des inductions plutôt que sur des certitudes, il est du moins incontestable : 1° Que cette balance était déjà l'état normal des colonies avant l'émancipation; 2° Que la valeur des exportations a augmenté depuis


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