COLONIES FRANÇAISES.
171
En sens contraire, un pays qui importe plus qu'il n'exporte semble pauvre; il ne l'est pas s'il importe des machines, des engrais, des ouvriers qui augmenteront son capital, ou s'il a assez de richesse pour consommer beaucoup; un riche importe chez lui plus qu'il n'exporte. Les raisonnements fondés sur la balance du commerce sont donc fragiles. Plus j.usle, quoique soumise à de nombreuses exceptions, est la formule universellement acceptée : Les produits ne s'échangent qu'avec des pro-
duits. Si on achète, c'est qu'on paye; si on paye, c'est qu'on a produit. 2° Mais on oublie, avant tout, la situation spéciale des colonies. L'excès continuel des importations sur les exportations est l'état normal au sein des petites sociétés qui ne produisent que certaines denrées spéciales et reçoivent du dehors tout le reste, et où les fortunes, une fois faites, émigrent presque toutes. Cela est si vrai que, lorsqu'on le chiffre des exportations de la Martinique dépassa celui des importations, il fallut remonter jusqu'en 18
28 pour rencontrer le même phénomène 1.
La même cause est l'explication principale des ernes
monétaires, si fréquentes et si pénibles aux colonies, et et dont on se plaint depuis quelques années surtout. Des écrivains bien informés voient l'origine de la der
nière crise monétaire, les uns dans l'établissement
des
banques, fort utiles pour abaisser le taux de l'intérêt
et prêter à l'agriculture, mais qu'on accuse d'avoir rem-
Revue coloniale, 1858, p. 682.