L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

cours fussent assurés aux enfants et aux vieillards1. Ils avaient rappelé que le travail avait pu être maintenu dans les colonies anglaises, parce que l'indemnité avait précédé l'émancipation 2. Ils avaient ajouté que le nègre se défierait de la liberté tant que son ancien maître ne serait pas désintéressé, qu'il serait ainsi poussé à s'éloigner des habitations. La commission présidée par M. de Broglie

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avait pro-

posé un délai de dix ans, pendant lequel les intérêts de l'indemnité auraient été touchés par la caisse des consignations au profit des colons, mais non par leurs mains, leurs droits ne pouvant être certains et liquidés qu'au moment de l'émancipation. La commission de 1848 n'osa pas imposer à la République une charge devant laquelle avait reculé la monarchie. L'émancipation arriva donc aux colonies sans l'indemnité. C'est assez pour décharger l'émancipation de tous les malheurs des premiers moments; le travail fut désorganisé, non pas seulement à cause de l'absence de la servitude, mais à cause de l'absence du salaire; non pas seulement parce que les mains de l'ancien esclave étaient libres, mais parce que les mains de l'ancien maître étaient vides. L'indemnité fut accordée, seulement plus d'une année après, par la loi du 30 avril 1849. Si l'indemnité ne fut pas prompte, du moins fut-elle large? Nullement. 1 2

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Opinion de M. Froidefonds, p. 31. Opinion de M. Pécoul, p. 24 Rapport, p. 279


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