COLONIES FRANÇAISES.
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Toujours énorme excès des crimes contre les propriétés sur les crimes contre les personnes, toujours énorme proportion des criminels illettrés, neuf dixièmes à la Guadeloupe,
quatre cinquièmes à la Martinique, et,
parmi les femmes, totalité. II. Si maintenant, faisant seulement usage des chiffres publiés officiellement en 1855, nous les comparons aux chiffres de la dernière Statistique générale de la criminalité en France pour 1856, nous constatons que le vol n'est pas un délit réservé aux colonies. En France, de 1826 à 1850, le nombre des vols qualifiés, grâce à l'indulgence des magistrats, a diminué, mais celui des vols simples a triplé. Le vol grandit avec les progrès de la richesse et avec la convoitise, décroît avec les progrès de la morale et de l'instruction. Les crimes contre les personnes, déférés aux Cours d'assises de France, ont augmenté de 51 pour 100, pendant que la population n'augmentait que de 12 pour 100; les crimes contre les propriétés ont diminué de 16 pour 100 : c'est l'inverse aux colonies. Les incendies, les attentats à la pudeur ont plus augmenté qu aux colonies. Il y a 1 prévenu correctionnel sur 171 habitants; aux colonies, 1 seulement sur 186. Mais, aux colonies, 90 sur 100 accusés sont illettrés; en
France, 55 sur 100 seulement. En résumé, si l'émancipation a augmenté le nombre
des délits et crimes, c'est plutôt en apparence qu'en réa
lité, et parce que la justice régulière a pris la place
de la répression individuelle; mais le nombre même que r
évèle la statistique va décroissant ou reste à peu près
st
ationnaire : il est proportionnellement inférieur à celui