L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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COLONIES FRANÇAISES.

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colons. Jamais la Guyane n'avait été, jamais elle ne pourra devenir une colonie à sucre importante. Les terres argileuses et marécageuses qui le produisent donnent une belle canne, mais un mauvais sucre. Le café, trèsabandonné aux que le cacao,

Antilles, pouvait y prospérer, ainsi les épices, les graines oléifères. Mais

comment en produire sans bras, sans argent et sans courage? Si un grand nombre de noirs retournèrent à la vie indienne en allant s'installer sur des parcelles, dans les terres hautes, ce ne fut pas seulement un instinct d'indépendance vagabonde qui les y conduisit. Mais, répugnant

à l'association ou au colonat parliaire, dont les résultats différés leur inspiraient une défiance concevable, ils ne voulaient travailler que pour des salaires, et les anciens maîtres n'avaient pas d'avances pour les payer. Or, dans les conditions économiques où se trouvait placée cette malheureuse colonie, sans salaire, pas de travail ; sans travail, pas de revenus; sans revenus, pas d'acquisitions, pas d'importations, pas de navires dans le port, et de jour en jour la crainte d'une veritable famine, entre des ter

res abandonnées, des usines stériles, des machines

Perdues et des arrivages annulés, amena dans quelques esprits un tel découragement, que l'on vit des hommes considérables, proposer de céder la Guyane aux EtatsU nis. Ί n'était pas besoin des élections pour achever ce niaaise : l'agitation pouvait être augmentée par la misère, et Ce

tte occasion pour les noirs de se connaître et de se

cmpter n'avait rien de rassurant. Elles se passèrent cependant sans trouble et ajoutèrent une preuve de plus


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