L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE.

lever le crédit; on demandait l'ajournement des échéances, des prêts, un comptoir d'escompte; on appelait surtout à grands cris l'indemnité. On apprit seulement que le Columbo arrivait, apportant de grosses caisses pleines de registres électoraux, comme préparation au scrutin ; les discours socialistes et communistes, les querelles, les polémiques en venimées, agitèrent la malheureuse île, plus troublée par les tempêtes politiques de la métropole que par les orages de l'Océan. Comme à Paris, plus qu'à Paris, un peuple, la veille encore esclave, fut maître pendant quatre mois de la vie d'une petite population sans défense. Mais telles étaient les relations de la majorité des deux classes, disons-le à l'honneur de toutes deux, qu'après tout la colonie eut moins à souffrir de leurs rancunes que des imprudences de quelques-uns des agents destinés à maintenir la paix; on peut retourner un mol fameux, et dire que, sur plus d'un point, ces agents firent du désordre avec de l'ordre. Dès le 26 juillet, le Moniteur put annoncer une certaine reprise du travail Le commissaire général nomma des commissaires ruraux pour se rendre sur les habitations et expliquer aux populations leurs nouveaux droits et leurs intérêts; il fit lui-même une tournée générale et put constater quelques heureux essais d'association entre les maîtres et les anciens esclaves, associations qui en général, accordaient pour la part du travail un tiers brut du produit, quelquefois davantage. 11 remarqua surtout plusieurs habitations, comme l'habitation Perrinelle, où des maîtres aimés et intelligents retinrent letravailleurs en leur accordant des salaires qui variaient


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