L' Abolition de l'esclavage, tome 1

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ABOLITION DE L'ESCLAVAGE,

le danger; car, pour surveiller les côtes, dans le but d'empêcher les évasions, la colonie ne dépensait pas moins de 240,000 fr. par an. Malgré ces circonstances, la nouvelle de l'émancipation ne fut d'abord la cause d'aucun trouble: un mouvemenl généreux, au contraire, rapprocha les âmes, et le gouverneur provisoire1 dut, conformément aux vœux du conseil municipal et de la chambre de commerce de SaintPierre, dissoudre ces corps, afin qu'en se réorganisant ils pussent admettre des hommes de couleur avec les blancs. Quelques années plus tôt, la majorité du conseil colonial, on se le rappelle, avait donné sa démission pour ne pas siéger avec un homme de couleur. Blancs et noirs signèrent une pétition pour qu'on adjoignît aux commissaires du gouvernement M. Bissette, très-connu comme abolitionniste. Les élections se firent paisiblement sous l'influence heureuse de cet esprit de concession réciproque 2. La Révolution de 1848 eut là, comme à Paris, une lune de miel de quelques jours. Mais c'eût été un miracle que le travail et la paix pussent continuer pendant ces jours d'attente inquiète, où toute une population incertaine de son sort courait chaque matin, à la ville ou au rivage, pour recevoir une liberté une indemnité, une autorité , qui s'annonçaient et n'arrivaient pas. Le 21 avril, une émeute dut être réprimée à Saint 1 2

M. le général Rostoland, qui avait remplacé M. le contre-amiral Mathieu M. Pory-Papy, avoué, homme de couleur influent, fut nommé adjoint

de la Pointe-à-Pitre.


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