FORÇATS
ET
PROSCRITS
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A ce compte, il est difficile, on le reconnaîtra, d'amasser des rentes, et ces budgétivores ne se partagent qu'une bien faible portion de l'assiette au beurre. Et à quel prix ils l'achètent! Logés dans des paillotes, presque sans meubles, avec leur malle pour toute armoire — —
parfois au milieu des bois
vivant de conserves, partant à quatre
heures et demie du matin, ne rentrant que le soir à six heures quand le chantier est éloigné, continuellement
debout sous
un
soleil de feu ; puis, avant de manger et de se reposer, obligés de veiller au souper de leurs h o m m e s , de faire l'appel, de recevoir les réclamations, de faire panser les éclopés, de mettre à part les fiévreux et les m a lades, etc.. La nuit, il faut se relever pour faire des rondes, et sauter à bas de son lit au
moindre bruit suspect. On voit quels
loisirs un surveillant peut consacrer à son intérieur, à la vie de famille ; on voit combien la femme, privée de toute distraction, les