FORÇATS
ET
PROSCRITS
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le nez tamponné avec m o n mouchoir afin de soustraire m o n sens olfactif aux émanations des ruisseaux qui bordent toutes les maisons je songeais à bien des choses, notamment à celle-ci : voilà trente ans que le bagne est établi dans ce pays, et je viens de voir douze cents forçats que le gouvernement prête à la colonie pour ses travaux d'utilité publique. Pourtant, je n'aperçois nulle part un rudiment
de
trottoir, nulle part un édifice
convenablement bâti, si ce n'est l'hôtel du gouvernement, qui est un ancien couvent de jésuites, pourtant, je m e bouche le nez de toutes mes forces, afin de n'être pas asphyxié, quoique les urubus (sorte de gros corbeaux) fassent de leur mieux pour enlever le plus gros des immondices...