FORÇATS
ET
PROSCRITS
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de manilles rivées, les deux pieds du locataire. Cela est noir, étouffant et puant. Aucun hôte de distinction ne s'y trouve pour le m o m e n t ; il n'y a que de pauvres diables d'évadés, maigres c o m m e des clous, pâles c o m m e la mort, loqueteux, pitoyables et penauds, des ivrognes qui réfléchissent sur les conséquences de la soustraction d'un litre de tafia et quelques personnages qui ont refusé le travail, préférant être à « l'ombre » qu'au soleil. Après cette visite à la prison, on éprouve le besoin de respirer l'air, relativement moins malsain, de la liberté. Nous traversons les cours afin de gagner la porte de sortie. Il est dix heures et demie, les corvées reviennent du travail ; rangés sur deux rangs, les forçats répondent à l'appel. Puis, premier roulement de tambour: on apporte des baquets contenant la ration de soupe et de viande pour dix h o m m e s , —
le « plat » — en langage
technique; second roulement de tambour: 3