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FORÇATS
—
ET
PROSCRITS
Je vous « remets » bien, maintenant.
A cette époque-là, j'étais chargé des prisons cellulaires. M e voilà en pays de connaissance. Tout en nous promenant dans la cour, nous causons. M o n surveillant principal m e raconte qu'ayant pris un congé —
après quinze ans
de séjour à N o u m é a —
on lui a appliqué
l'inflexible « tour de roulement ». — J'aurais mieux fait, conclut-il, de rester là-bas jusqu'au m o m e n t de m a retraite. Car, voyez-vous, monsieur, ici, ce n'est pas la m ê m e chose. D'ailleurs, vous allez juger par vous-même et, puisque vous connaissez les pénitenciers de la Nouvelle-Calédonie, vous vous rendrez bien vite compte de la différence. Nous nous dirigeons vers une poterne ferm é e par une grosse grille. U n coup de cloche, et le surveillant de garde nous introduit. Trois ou quatre forçats sont là qui, d'un air obséquieux, nous saluent; ils portent sur la manche gauche