Forçats et proscrits

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FORÇATS ET PROSCRITS

C'est miracle, vraiment, qu'une épidémie de fièvre jaune n'ait pas éclaté, car le soidisant hôpital de Sinnamary était organisé dans des conditions absolument révoltantes. « Les infirmiers, écrivait le citoyen Fréton, officier de la garnison, insultaient les m a lades et les accablaient d'expressions infâmes, ignominieuses, cruelles, au m o m e n t

même

de leur agonie... Le garde-magasin, dépositaire des effets des déportés, ne consentait à leur rendre qu'une partie de

ce qu'ils

réclamaient et il leur disait : « Vous êtes » morts, ceci doit vous suffire. » Il n'a pas voulu donner des vivres pour les premiers déportés venus de C o n a m a m a . . . , et il a fallu les coucher sur la terre, et des malades ont été dévorés des vers avant d'expirer. » La clémence de Burnel, on le voit, n'avait rien de très magnanime. Il ne tarda pas à jeter le masque et à faire sincèrement regretter Jeannet, qui avait au moins cette qualité d'être intelligent.


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