FORÇATS
ET
PROSCRITS
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leurs huttes dans les environs de ce foyer de pestilence les abandonnèrent et s'enfoncèrent au loin dans les forêts profondes du Maroni ; le seul n o m de C o n a m a m a
ne tarda pas à
faire pâlir les h o m m e s les plus intrépides. Aussi comprend-on que lorsque JeannetOudin menaça les exilés de Sinnamary de les y envoyer si, avant le 15 fructidor, ils n'avaient point fourni les cautions exigées par son arrêté, le timide abbé Brotier en éprouva u n
tel saisissement qu'il
tomba
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malade et m o u r u t . Rovère, bien que souffrant, voulut aller tout de suite prendre possession d'une habitation qu'il avait achetée : il succomba pendant le trajet. A y m é et Gibert-Desmolières s'établirent chez un colon du
nom
de Bertholon, qui leur fut très
dévoué; Billaud-Varenne, grâce à l'argent de 1. L'abbé Brotier était le seul des déportés qui fréquentât Billaud-Varenne, et c o m m e on s'étonnait de cette quasiintimité si peu compatible avec ses opinions royalistes et le caractère religieux dont il était revêtu, il répondait : « Qui sait! les Marat peuvent revenir! » L'aumônier de Monsieur prenait ses précautions. 16