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F O R Ç A T S ET PROSCRITS
habitants ne pouvait suppléer à la disette d u pays non plus qu'à la pauvreté des proscrits. Barbé et Lafond élurent domicile chez m a d a m e Trion, « une veuve qui n'était pas riche », et vivait dans une assez mauvaise case avec son neveu Rodrigue, dont la chasse et la pêche suffisaient, — peu de couac, —
en y ajoutant un
à leur nourriture. Cette
excellente f e m m e cachait, sous une grande simplicité, un
cœur
généreux,
une
âme
singulièrement délicate et un esprit élevé; elle sut apprécier, c o m m e ils méritaient de l'être, les hôtes que le sort lui amenait. Elle contribua beaucoup à rendre pour eux moins amères les tristesses de l'exil. E n peu de jours, Barbé-Marbois, très adroit de ses mains, sut transformer son appartement ; au m o y e n d'outils de menuisier et de charron, dont il avait eu la précaution de se munir, il fabriqua des meubles, des ustensiles divers et une
belle bibliothèque en
bois