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FORÇATS
ET
PROSCRITS
fort souffrant depuis longtemps; sa principale occupation consistait à rassembler des notes destinées à lui fournir les éléments d'une histoire de la Révolution. BillaudVarenne, au contraire, errait dans la campagne aux heures où le soleil est le moins redoutable et il cueillait des plantes et des fleurs. Les proscrits passaient le reste du temps à se balancer dans un hamac, à recevoir les visites du gouverneur provisoire et à souper chez lui en compagnie des principaux fonctionnaires du pays. Ainsi comprise, la déportation n'était pas sans charmes : elle prenait les espèces et apparences d'une villégiature un peu éloignée, mais réellement enviable à une époque où, chaque soir, on pouvait se demander : serai-je libre, serai-je vivant demain? Malheureusement, les choses changèrent tout à coup de face quand, au mois d'avril 1796, Jeannet-Oudin, qui s'était fait confir-