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FORÇATS
ET
PROSCRITS
toyens qui l'avaient n o m m é conseiller général. Les spectres de ses victimes paraissent s'être discrètement abstenus de troubler la douce quiétude de sa belle vieillesse. La traversée de Billaud et de Gollot s'effectua sans incident; les flots tumultueux de l'Océan n'étaient pas faits pour étonner des gens habitués à vivre au milieu des orages et des tempêtes. Traités à bord c o m m e des passagers libres, ils jouissaient du confortable relatif que les navires d'il y a cent ans pouvaient procurer. D'ailleurs, ils se m o n traient taciturnes et s'évitaient réciproquement. Quelles causeries auraient pu avoir ensemble, sous les étoiles, ces deux h o m m e s qui, durant les tragiques séances de la Convention, avaient tant de fois échangé de ces dialogues terribles, de ces regards de haine qui avaient des reflets de couperet? J'ajoute qu'ils étaient de niveau moral très différent. Collot était un fauve, Billaud était un fanatique, c'est-à-dire un
convaincu; jusqu'au