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FORÇATS
tant auprès du
ET
PROSCRITS
cap Nord
que plus
loin
encore dans le sud, c'est ce qu'on appelle en France le mascaret et ici, dans la langue des naturels d u pays, le prororoca. J'ai passé m o i - m ê m e
le prororoca et j'ai
gardé de cette minute u n souvenir très précis. Q u a n d leflotmonstrueux s'avance sur vous avec la rapidité d'un train éclair, on éprouve la sensation de l'engloutissement, de l'écrasement et, si je peux ainsi dire, de l'imminente dispersion de son être : c'est angoisse
une
affreuse. Puis, il semble qu'une
m a i n de géant vous soulève à une hauteur prodigieuse au-dessus d'un abîme béant et, tout à coup, on a l'impression que la m a i n vous lâche et vous laisse tomber dans le gouffre. O n ferme les yeux — Tai fait —
d u moins je
et quand on les ouvre c'est pour
constater que le canot vogue sur une m e r plate et qu'il nage tranquillement vers la plage. Il va sans dire que toutes les traversées du prororoca ne sont pas aussi heureuses