FORÇATS
ET
PROSCRITS
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il fit une enquête discrète auprès des matelots de Villiers; puis, sans avertir personne, il arma son côtre, y fit monter des h o m m e s très dévoués et, au moment du départ, ordonna au patron de mettre le cap sur l'estuaire du Carsewenne. Cette expédition furtive fut la première qui franchit la barre si dangereuse qui défend l'entrée de ce fleuve. « Les marées, écrivait en 1782 le géographe Mentelle, sont très fortes aux environs du cap Nord; elles montent ordinairement de dix-huit pieds et elles montent de quarante et de quarante-quatre aux nouvelles et aux pleines lunes. Il ne leur faut que trois heures et demie pour parvenir à cette hauteur; et quoique leflotcontinue pendant plus de deux heures encore avec rapidité au milieu des bois et des rivières, la baisse des marées au bout de trois heures et demie est très sensible. Mais un effet très remarquable des marées dans plusieurs rivières