Après le bagne !

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LE MARCHÉ INDIGÈNE

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transfert de l'un à l'autre pénitencier qui ne vous emplisse de joie comme s'il s'agissait de la délivrance... mais voilà, la délivrance ne vient jamais, même avec la libération... même, peutêtre, avec le retour en France! Une négresse grisonnante nous servit du café sans lâcher la pipe rivée au coin de sa bouche saliveuse. Jeanne me quitta et j'errai seul à nouveau sur le marché, en attendant que s'ouvrissent les bureaux des diverses administrations dans lesquelles je devais me présenter. Le jour venant, des marchands arrivèrent. Ils s'installaient les uns non loin des autres et disposaient leur marchandise sur le sol, cepen­ dant qu'une foule bigarrée commençait à circu­ ler entre les groupes, envahissait peu à peu la place, emplissant l'air de son bourdonnement, étalant aux premières flammes du soleil le pittoresque de ses costumes aux couleurs criardes et l'extraordinaire mélange de ses races. Ce sont, d'abord, les pêcheurs chinois ou annamites, vêtus de leur costume national, et qui jettent à terre, encore vivants, des poissons de toute qualité et de toute grosseur. Les m i n u s ­ cules crevettes, appréciées des gourmets, avoi-


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