Après le bagne !

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APRÈS LE BAGNE !

vaient réussi à étouffer en moi le vieil homme. Le bateau qui devait me transporter à SaintPierre ne partait qu'à neuf heures et j'employai mon temps à errer un peu au hasard par les rues propres et bien alignées. Fort-de-France estune ville neuve, le fameux incendie de 1893 l'ayant détruite presque en totalité. J'aperçus, en me promenant, un jardin public planté des plus beaux arbres de la zone tropi­ cale, au milieu duquel s'élève une statue en marbre blanc représentant l'impératrice José­ phine, puis j'aboutis au marché, un marché nègre qui me rappela quelque peu celui de Cayenne. Les marchandes de fruits et de lé­ gumes y étaient toutes aussi vieilles et aussi laides ; toutes aussi fumaient des brûle-gueule et buvaient du tafia. A la Martinique, les légumes sont plus nom­ breux qu'à la Guyane et les vivres, en général, à plus bas prix. Le liard estime monnaie courante. A Cayenne, on n'achète rien à moins d'un sou marqué valant dix centimes. Il n'existe pas de bagne civil à Fort-de-France. mais un dépôt de disciplinaires coloniaux ou cocos dont le sort n'est pas plus enviable que ce­ lui des forçats. J'eus l'occasion d'en apercevoir


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