Après le bagne !

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DE SURINAM A FORT-DE-FRANCE

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que nous et j'appris qu'ils venaient renforcer la brigade de Fort-de-France et de Saint-Pierre afin de maintenir dans l'ordre les ouvriers des rhumeries qui s'étaient mis en grève. Ils arrivaient un peu tard. La besogne était faite. Le lieutenant d'infanterie de marine Kahn, ayant mobilisé ses marsouins, avait donné l'ordre de tirer dans le las des émeutiers: une dizaine d'entre eux avaient été tués, les autres avaient repris le travail. Pauvres nègres! Avant que Schœlcher ne les eût délivrés de l'esclavage, ils recevaient du moins, en échange de la besogne quotidienne, le gîte et une nourriture assurée. Aujourd'hui on les traite comme de vulgaires hommes libres, c'est-à-dire que leur salaire est fixé par les fils de l'ancien maître et qu'il se trouve insuffisant pour fournir à leur entretien. Autrefois, quand ils se révoltaient, une telle audace était châtiée à coups de fouet et de bâton. Aujourd'hui ce sont les armes de précision des soldats de France qui se chargent de les re­ mettre sous le joug! Nous devions séjourner trois jours à la Marti­ nique en l'attente du vaisseau le Saint-Germain qui nous transporterait à Saint-Nazaire.


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