Après le bagne !

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SURINAM

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un canot parmi ceux qui se disposaient à partir sans avoir trouvé de clients. Dix patrons s'offrirent à la fois et ce fut à notre tour de les provoquer à la concurrence, si bien qu'au lieu de trois, quatre et même cinq shillings, nous fûmes à même de n ' e n dépenser qu'un seul. A peine avions-nous mis pied à terre que nous fûmes assaillis par une bande de noirs et de coolies des deux sexes, les uns nous propo­ sant un restaurant, les autres de l'amour à bon compte. De jeunes coolies assez belles offraient leurs charmes et de vieilles mégères nous vantaient ceux des pensionnaires de leur maison close. Nous n'avions guère le temps de nous attarder à ces sollicitations intéressées et nous nous débattions pour leur échapper, lorsque j'aperçus à la porte d'un estaminet un grand diable assez mal accoutré dont le visage ne me semblait pas étranger. Je m'avançai vers lui et reconnus un de mes anciens compagnons du pénitencier de SaintLaurent- du-Maroni, un nommé Bavard, con­ damné aux travaux forcés à perpétuité, et qui s'était évadé deux ans auparavant.


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