Après le bagne !

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EN VUE DES ILES DU SALUT

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La perspective de m'asseoir à la même table que ces individus, que j'avais tant de raisons pour détester, ne me souriait guère. Nous étions, par bonheur, trop nombreux pour ne former qu'une seule « bordée » comme on dit en termes de marine. On nous divisa donc en deux tables. L'honneur de la première fut laissé à m e s ­ sieurs les surveillants militaires; je fis partie de la seconde avec tous les autres passagers, très satisfait de ne pas avoir à subir leur voi­ sinage. Je dois dire que, tant que dura notre séjour à bord, les surveillants m'évitèrent avec autant de soin que j ' e n prenais moi-même à ne point les rencontrer. Lorsque le fait, par hasard, se produisait, ils étaient envers ma personne d'une obséquiosité extraordinaire. Quand Guillemin, dit le Buffle, me croisait sur l'échelle de descente, ou sur le pont, il ne. manquait jamais de me céder le pas avec empressement. J'avais été peu habitué à tant de politesse jadis, et n'en ressentais que plus vivement la tenta­ tion de leur cracher mon mépris au visage. Quelques minutes après avoir quitté le port 24


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