MON TOUR VIENT
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fait espérer, on me signerait un ordre d'embar quement. M. Moutet me fit répondre par M. Muller, son secrétaire particulier, que son département n'avait aucun budget de prévu en ce sens. « Mais », avait-il ajouté, que « Courtois fasse l'avance de son passage et on le lui remboursera sûrement en France. » J'étais, je le répète, décidé à partir, et rien n'aurait pu me faire revenir sur ma résolution. J'avais, d'ailleurs, vendu tout ce qui m'appar tenait, mes clients étaient remerciés, je n'avais plus de travail en vue et ne possédais même plus u n lit pour me coucher. Je n'avais plus le loisir de changer d'avis. Je me rendis donc à la Compagnie Transat lantique et y versai les quatre cents francs exigés pour la traversée. Depuis mon retour, j ' a i vainement réclamé cet argent. Partout où je me suis présenté, j ' a i été éconduit. Je m'en suis consolé en songeant philosophiquement que s'il avait fallu six an nées pour s'apercevoir qu'on avait eu tort de me voler ma liberté, il ne faudrait peut-être pas moins de six années pour que l'on me res tituât les quatre cents francs de mon passage et