Après le bagne !

Page 287

MON TOUR VIENT

273

fait espérer, on me signerait un ordre d'embar­ quement. M. Moutet me fit répondre par M. Muller, son secrétaire particulier, que son département n'avait aucun budget de prévu en ce sens. « Mais », avait-il ajouté, que « Courtois fasse l'avance de son passage et on le lui remboursera sûrement en France. » J'étais, je le répète, décidé à partir, et rien n'aurait pu me faire revenir sur ma résolution. J'avais, d'ailleurs, vendu tout ce qui m'appar­ tenait, mes clients étaient remerciés, je n'avais plus de travail en vue et ne possédais même plus u n lit pour me coucher. Je n'avais plus le loisir de changer d'avis. Je me rendis donc à la Compagnie Transat­ lantique et y versai les quatre cents francs exigés pour la traversée. Depuis mon retour, j ' a i vainement réclamé cet argent. Partout où je me suis présenté, j ' a i été éconduit. Je m'en suis consolé en songeant philosophiquement que s'il avait fallu six an­ nées pour s'apercevoir qu'on avait eu tort de me voler ma liberté, il ne faudrait peut-être pas moins de six années pour que l'on me res­ tituât les quatre cents francs de mon passage et


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.