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APRÈS LE BAGNE!
arrêté, peu après le Procès des Trente, pour avoir approuvé, dans un café, les théories vio lentes d'un agent provocateur. On le traduisit en cour d'assises et il fut con damné à cinq ans de travaux forcés. Sa peine terminée, on l'avait placé à la relé gation, ce qui, ainsi que je l'ai expliqué dans mon précédent ouvrage, équivaut à la continua tion à perpétuité du régime du bagne. Ce ne fut donc qu'après six ans de travaux forcés que l'on se décida a mettre fin à ses souf frances. Mon tour allait venir. Dans les premiers jours de février, je fus appelé chez le chef de la police de Cayenne. Le cœur me battait fort en me rendant à son bureau. J'étais à peu près certain que l'annonce de ma libération définitive ne tarderait point à arriver, mais j'avais encouru tant d'avanies, de désillu sions, j'avais rencontré tant d'obstacles au mo ment même où je croyais atteindre au but depuis que les lois m'avaient entraîné dans leur engrenage fatal, que je ne pouvais me tenir d'éprouver de grandes appréhensions. Il me semblait que je n'en aurais fini avec la chiourme qu'au jour où je serais chez moi,