Après le bagne !

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UN PIRATE

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n'y a rien d'officiel encore, mais j'ai tenu à vous faire celte communication ». Je saisis le télé­ gramme et lus : gracié. Le sang me monta vio­ lemment à la tête, je crus que j'allais tomber. Puis je me mis à pleurer. « Allons, allons, Degrave », me dit le comman­ dant, « on dirait que cela ne vous fait pas plai­ sir ». — « Si, Monsieur Laffontan », lui répondis-je, « mais je pense à celui que j ' a i vu dévorer par les requins ! Il n'est plus là, lui ». — « Par­ don », dit M. Laffontan, « je ne pensais pas à lui. Excusez-moi. Allons voulez-vous fumer une cigarette? » Je remerciai et j'acceptai. J'avais à peine allumé la cigarette que je vou­ lais partir. Cet homme qui venait de m'annoncer ma libération prochaine n'était pas méchant, mais il me répugnait quand même : c'était un chef de gardes-chiourme ! « Voyons, » dit M. Laffontan, « calmez-vous. Je dois vous garder dans les mêmes conditions qu'auparavant, mais d'ici à quelques jours, votre grâce sera officielle et vous serez mis en liberté! » Je partis. Je ne me rendis pas à la case. Je me cachai dans un endroit sauvage, tout près de la, et, me jetant la face contre terre, je criai la grande nouvelle à Léonce. Je riais et je pleu-


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