UNE LETTRE DE FRANGE
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événement imprévu pour les remettre en lumière et l'événement ne s'est point produit. Ces cartons et ces dossiers ne disparaîtront qu'avec les vieilles sociétés et, peut-être, qu'avec le monde lui-même!... Un courrier vint, sans m'apporter de meil leures nouvelles quant à mon retour en France. Dans ce courrier, il y avait, comme d'habi tude, une lettre de ma pauvre mère, à l'écriture un peu tremblée, et la lettre disait : « Mon cher enfant... comme le temps nous dure de te revoir. Comme il est cruel d'attendre aussi longtemps ! Nous sommes si vieux déjà !... » Ces lignes repassaient en mon esprit comme un appel et ma tristesse s'en augmenta. Sans goût j'accomplissais ma besogne, telle une fastidieuse corvée, lorsque M. Moutet vint me faire visite et constater l'état des travaux. M. Moutet était un homme affable qui, à plu sieurs reprises, m'avait donné des preuves de sympathie. Assez souvent il venait ainsi et me causait amicalement. Ce jour-là, sa femme l'accompagnait, et aussi ses enfants.