Après le bagne !

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DÉPART DE DREYFUS

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matériel que nous avions vendu et, quelques jours après notre sortie de prison, nous étions à nouveau installés, lui comme tailleur, moi comme entrepreneur de peinture. Contrairement à ce que nous craignions, le travail afflua de toutes parts et il ne me resta plus qu'à attendre une occasion meilleure pour mettre à exécution mon projet de départ, à moins que l'on ne se décidât, en haut lieu, à me rendre ma liberté complète. Notre vie redevint monotone comme celle de la colonie, coupée seulement d'incidents sans grande importance. E n général, les événements qui ont lieu dans la métropole ont peu de retentissement à la Guyane. Une dépêche laconique apporte les nou­ velles les plus dignes d'intérêt; une fois par mois seulement, on reçoit les journaux et ils ne sont guère lus que par les Européens. 11 est certain que l'affaire Dreyfus, en dépit de l'émotion qu'elle souleva, eût passé ina­ perçue, comme tant d'autres, si l'ex-capitaine, au lieu d'être détenu sur l'île du Diable, située à quarante kilomètres, avait été envoyé à la presqu'île Ducos comme il en avait été ques­ tion tout d'abord. 20


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