Après le bagne !

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PERSPECTIVE D'UN RETOUR AU BAGNE

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scélératesse des lois, qui, en 1894, parce qu'il était anarchiste, fut condamné à cinq ans de travaux forcés pour un délit que nous avons tous — ouvriers ou bourgeois — plus ou moins commis : le délit de changement de nom. Les magistrats de Bordeaux qualifièrent cette peccadille de faux en écritures publiques, et les jurés acquiescèrent à leur manière de voir. Ces derniers firent mieux, pour bien démontrer que c'était l'anarchiste et non le faussaire qu'ils voulaient frapper. Dans la même audience, im­ médiatement après la condamnation de LiardCourtois, ils acquittèrent un notable commer­ çant qui reconnaissait avoir mis en circulation pour quelques billets de mille francs de fausses traites. Liard-Courtois subit sa peine de cinq ans de travaux forcés à la Guyane, et, il y a quelques mois, il était enfin libéré. Libre! 11 le fut. Mais sa liberté fut toute r e ­ lative : sous prétexte de surveillance, il dut ré­ sider à Cayenne, et il lui était formellement interdit d'en sortir. C'était toujours la captivité, sinon le bagne ! Et je n'exagère pas en employant le mot de « captivité ».


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