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APRÈS LE BAGNE!
A quoi bon les plaintes et les regrets! Le sort en était jeté. Pour tuer le temps, j'invitai mes compa gnons d'infortune à une légère collation. J'éventrai une bourriche et découpai le plus tranquille ment du monde un poulet dont je distribuai les morceaux. Mais, à la perspective des représailles qui les attendaient, les pauvres diables n'avaient guère d'appétit et ils ne firent que peu d'hon neur à la volaille. Il n'en fut pas de même à l'égard d'une dame-Jeanne contenant douze litres de vin. Elle fut rapidement vidée malgré les protesta tions de Fauve qui prévoyait qu'après des liba tions aussi exagérées, sa tâche pourrait devenir fort difficile. Ses craintes ne disparurent que lorsqu'il vit s'avancer vers nous, à force d'avirons, un canot conduit par quatre forçats et contenant un ren fort de six policiers nègres. Leur arrivée mit fin à notre repas et le débar quement commença cependant, que le capitaine faisait un branle-bas énorme et pestait comme un pilote qui a perdu sa barre. Jeanne fut débarqué avant moi. Quand vint mon tour, je refusai énergique-