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APRÈS LE BAGNE!
Je songeai au couple Bonnet-Nathan, au mi sérable nègre qui avait pris nos billets de pas sage. . Peut-être la dénonciation venait-elle de la compagnie elle-même qui, soupçonnant notre situation, effrayée de notre trop grand nombre à son bord, avait craint une mutinerie et que l'on ne changeât la direction du navire? Peutêtre venait-elle d'un inconnu, d'un de ces po liciers amateurs comme il en existe tant à Cayenne ? Mais que m'importait, en somme, de connaître le nom du délateur! Cela ne modifierait en rien notre sort. Toutes nos espérances tombaient. Sur une seule chance, nous avions joué gros jeu, toute notre fortune, tous nos espoirs d'ave nir et nous avions perdu. A nouveau nous étions prisonniers ! Froidement, j'envisageai la situation : On allait nous reconduire à terre, nous trim baller chez le commissaire, puis nous jeter en cellule, nous traduire devant le Tribunal Mari time Spécial qui nous condamnerait à réintégrer le pénitencier. Nous ne pouvions songer à une résistance quelconque et le mieux était d'attendre les événe ments.