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APRÈS LE BAGNE !
transporter le tout à bord sans éveiller les soup çons. Comme il ne fallait pas laisser croire au capitaine que nous parlions clandestinement, nous devions embarquer les bagages en plein jour. Cependant nous devions nous méfier du voisinage et nous ne pouvions songer à effectuer un déménagement sous ses regards. La nuit qui précéda le jour de l'embarquement fut donc em ployée à porter caisses et malles jusque sous un hangar, quelque peu distant de notre logis, et d'où elles partiraient le lendemain pour être hissées à bord. Pour la circonstance, je me fis portefaix et n'accomplis point mon nouveau métier sans m'écraser un doigt et m'écorcher les épaules. Cette opération fut heureusement terminée avant que le soleil ne parût. Jeanne qui, par suite de sa constitution physique, ne pouvait m'aider dans cette sorte d'exercices, m'attendait dans son hamac, tendu sous la vérandah. Quant à notre cuisinier, il s'occupait de préparer les vivres pour la traversée. Nous avions été contraints de lui faire part de notre évasion, car il était nécessaire qu'il restât quelques jours encore dans notre maison pour livrer ce que nous avions vendu.