Après le bagne !

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AU VILLAGE CHINOIS

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J'avais assez souvent aussi l'occasion de l'em­ ployer à des besognes d'homme de peine. Il m'avait gardé une grande reconnaissance des quelques bontés que j'avais eues pour lui et il s'acquittait avec dévouement de ce que je lui demandais. Sous la rude écorce de l'ancien rôdeur et du forçat, un peu de sentimentalité était restée, dont un autre entourage que celui des prisons et des pénitenciers aurait pu tirer des trésors. Par malheur, la misère, les mauvais traitements, le regret du pays n'étaient pas de nature à déve­ lopper en lui de précieuses qualités, et je le voyais descendre de jour en jour la pente qui ramène à la chiourme les libérés. Il était devenu terriblement alcoolique. L'eau-de-vie était, à présent, sa principale nourriture et sa consolation. Lorsque je l'avais employé un jour ou deux, j'hésitais à lui remettre intégralement sa paye, certain qu'elle serait vite dépensée en boisson. Je craignais aussi, qu'étant ivre, il ne se livrât à quelque violence qui aurait pu lui coûter cher. Déjà, à plusieurs reprises, on l'avait jeté au violon pour avoir été rencontré de nuit étendu sur la voie publique.,.


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