LE REPOSOIR DE LA FÊTE-DIEU
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ville, on trouve de l'eau presque potable et qui le devient tout à fait après avoir été filtrée. Durant ce temps, les rares fontaines publiques ne sont ouvertes que deux heures par jour et des agents de police veillent à ce que chaque habitant n'emporte que la quantité d'eau pres crite par les règlements municipaux. Bien entendu, ceux qui sont assez conforta blement installés pour avoir chez eux une prise d'eau de la ville échappent à cet inconvénient. En 1899, survint une période de sécheresse particulièrement pénible. De nombreuses pro cessions pour la pluie furent organisées, que nègres et créoles suivirent en foule. Les messes se succédèrent sans interruption. Il ne pleuvait toujours point. Etait-ce le châtiment des orgies du carnaval? Je songeai à donner une leçon de volonté à tout ce monde. Je recrutai quatre libérés, dont mon ami Coco. Deux d'entre eux, s'il m'en souvient, avaient été condamnés pour vol et un autre pour m e u r t r e ; je leur fis creuser un puits dans mon jardin, et ils passèrent la n u i t à ce travail. L'un d'eux seulement fut las dès la première heure et dit, en lâchant son outil :