Après le bagne !

Page 142

128

APRÈS LE BAGNE !

rancœurs et ses désirs d'une existence plus pai­ sible que l'on ne réussit point à retrouver, le besoin de revoir le logis maternel où, cepen­ dant, l'on ne retourne point par crainte du père. J'avais failli me colleter avec ce père, une brute, parce que je lui proposais de reprendre sa fille et, malgré mes discours, malgré sa bonne volonté finale, il ne l'en avait pas moins rouée de coups à son arrivée... Qu'était-elle devenue? Sans doute, une ménagère précocement vieil­ lie, accablée par les travaux du ménage et par ceux de l'atelier, esclave encore du mari qui, aux mauvaises heures, reproche le passé; esclave de la famille qui daube encore sur toutes les médisances... Je fus tiré brusquement de ma rêverie. Un homme en passant m'avait bousculé, al­ lant comme sans voir et, en me retournant vive­ ment, j'avais reconnu le misérable vêtu de gue­ nilles, le libéré qui, à ma première visite au marché, m'avait causé u n e si pénible impres­ sion, celui que, de temps à autre, je rencontrais encore, portant des fardeaux pour gagner quel­ ques sous, ou errant sur les quais à la recherche d'une passagère embauche.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.