COCO DE LA VILLETTE
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ces choses et combien d'autres, à demi perdues déjà dans la brume des t e m p s ! Les musiciens commencèrent une valse et, au dedans de moi, u n e voix chanta, une voix traî nante, u n peu morne, comme celles que l'on entend les jours de fête sous les bosquets mai gres des marchands de vin, aux barrières pari siennes. Qui donc chantait ainsi cette romance dont j'écoutais la musique? P a r association d'idées, u n bout de phrase drôle me revint à la m é m o i r e , prononcé avec l'intonation des faubourgs : « J'habite passage Pa-li-kao ! » Et l'image passa devant mes yeux de la fille mièvre, à peine échappée de l'atelier, que j'avais rencontrée un soir, et qui m'avait conté ses tristesses. Histoire poignante et banale, en somme ! L'atelier où l'on s'ennuie de longues heures sans réussir à gagner de quoi vivre, l'intérieur familial misérable dans lequel on ne trouve la compensation d'aucune joie, et les j e u n e s amou reux qui vous attendent à la sortie en promet t a n t le mariage ; puis ce que l'on n o m m e i r o n i quement la noce, avec ses espérances déçues, ses