Après le bagne !

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COCO DE LA VILLETTE

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ces choses et combien d'autres, à demi perdues déjà dans la brume des t e m p s ! Les musiciens commencèrent une valse et, au dedans de moi, u n e voix chanta, une voix traî­ nante, u n peu morne, comme celles que l'on entend les jours de fête sous les bosquets mai­ gres des marchands de vin, aux barrières pari­ siennes. Qui donc chantait ainsi cette romance dont j'écoutais la musique? P a r association d'idées, u n bout de phrase drôle me revint à la m é m o i r e , prononcé avec l'intonation des faubourgs : « J'habite passage Pa-li-kao ! » Et l'image passa devant mes yeux de la fille mièvre, à peine échappée de l'atelier, que j'avais rencontrée un soir, et qui m'avait conté ses tristesses. Histoire poignante et banale, en somme ! L'atelier où l'on s'ennuie de longues heures sans réussir à gagner de quoi vivre, l'intérieur familial misérable dans lequel on ne trouve la compensation d'aucune joie, et les j e u n e s amou­ reux qui vous attendent à la sortie en promet­ t a n t le mariage ; puis ce que l'on n o m m e i r o n i ­ quement la noce, avec ses espérances déçues, ses


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